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jeudi 5 août 2010
Kinshasa: Christopher Mutamba subit des attaques, une réponse en devenir
jeudi 29 juillet 2010
Kinshasa : rétablissement des signaux de Canal Congo Télévision, Canal Kin, et Radio Liberté
Les signaux des émetteurs radio télévisions du groupe CCTV, CKTV et Radio Liberté ont été rétablis depuis ce mercredi 28 août.
Le rétablissement de ces signaux a été réclamé par l’Asadho et de l’Union pour la Nation, une plate forme.
Il faut rappeler que les signaux de ces trois médias ont été coupés dans la nuit du lundi 26 août à mardi 27 août.
il fallait une forte pression des ongs de défense de droit et des autres médias pour que le gouvernement congolais se permette de remettre le signal de ces médias de l'opposition.
une question reste sans réponse. qui a coupé le signal et pour quelle raison? si non pour montrer combien la répression persiste encore dans le chef de certains vautours qui rodent à coté du chef de l'État.
mardi 27 juillet 2010
Ouverture de la Foire internationale de Kinshasa
Pour certaines personnes retrouvées sur terrain, la Fikin de cette année n’aurait pas beaucoup d’ampleur parce que la société brassicole Balima est absente.
Le directeur technique de la Fikin affirme que cette foire n’est pas internationale. Elle est plutôt nationale mais ouvre ses portes à quelques opérateurs économiques étrangers.
Ecoutez ingénieur Florida Makengo Makombe au micro de Michel Kifinda.
lundi 28 juin 2010
kinshasa: messages des évèques de la RDC en rapport avec le cinquantenaire
Ils invitent les congolais à prendre courage afin de développer le pays après ces cinquante ans d'indépendance. voici ci-dessous l'intégralité de ces deux discours.
NOTRE REVE D’UN CONGO PLUS BEAU QU’AVANT
Message de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo au peuple congolais
à l’occasion du Cinquantième anniversaire de l’Indépendance de la RD Congo
INTRODUCTION
1. Notre cher pays, la RD Congo, célèbre le jubilé d’or de son accession à l’Indépendance. Le peuple congolais est appelé à mobiliser ses énergies en vue de la reconstruction de son identité et de l’instauration d’un nouvel ordre social susceptible de répondre à ses aspirations les plus profondes.
L’Eglise catholique à travers la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), réunie en sa 46ème Assemblée plénière ordinaire du 21 au 25 juin 2010, entend apporter sa contribution pour que ce jubilé permette à la Nation congolaise de prendre un nouveau départ.
2 .Cette célébration nous donne d’abord l’occasion de rendre grâce à Dieu pour tous les bienfaits reçus. Elle se veut également une occasion d’évaluer, c’est-à-dire de mettre en lumière les acquis de ces cinquante ans d’indépendance, et de relever les dérapages qui ont émaillé notre parcours et porté atteinte à la bonne marche du pays vers le progrès. Cette célébration se veut enfin une occasion de dégager de nouvelles orientations et des engagements fermes pour bâtir un Congo nouveau.
I. JUBILE : JOIE ET ACTION DE GRACE
3. Dans notre Message à l’occasion du 49ème anniversaire de la RD Congo, nous avons décrété cette année du jubilé, « une année de grâce pour notre pays, une année de renouveau et de joie, une année de retrouvailles avec Dieu pour bâtir dans la justice un Congo solidaire prospère et heureux 1
».
4. Le jubilé est effectivement un moment de grâce. Selon l’Ecriture Sainte, il est un moment de remise des dettes, de relaxe des esclaves afin de permettre à tous les habitants de reprendre la vie avec espérance et dans la liberté. C’est une période de lutte contre l’exploitation sauvage de la nature et, surtout, contre l’exploitation de l’homme par l’homme (cf. Lv 25,8). Jésus éclaire d’un jour nouveau le sens du jubilé : proclamer l’année de grâce du Seigneur, annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, libérer les opprimés, rétablir le monde dans la paix (cf. Lc 4, 17-21). Le jubilé est donc un temps de grâce.
5. Nous souhaitons que ce jubilé soit un moment propice pour tous les Congolais, où ils prennent le plus bel élan en vue de leur propre humanisation. Qu’ils se rappellent que tout
1 CENCO, “La justice grandit une nation” (cf. 14, 34). La restauration de la Nation par la lutte contre la corruption (10 juillet 2010), n. 22.
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homme et toute femme créés à « l’image et à la ressemblance de Dieu » (cf. Gn 1, 26), rachetés par le sang du Christ, ont droit à la reconnaissance de leur dignité d’enfants de Dieu.
6. Nous rendons grâce à Dieu puisque l’Eglise famille de Dieu en RD Congo a cheminé durant ces 50 ans au service du peuple congolais à travers l’annonce de l’Evangile et son action multiforme visant l’épanouissement intégral et le salut de l’homme. Nous disons notre reconnaissance au Saint-Siège qui, en 1959, un an avant l’indépendance, a institué la hiérarchie épiscopale locale dans notre pays et pour son appui dans la croissance de notre Eglise. C’est pour nous l’occasion de bénir le Seigneur pour le don du martyre des bienheureux Isidore Bakanja et Marie Clémentine Anuarite Nengapeta, fruits du zèle des missionnaires qui ont apporté la Bonne Nouvelle dans notre pays. Dans cette action de grâce nous pensons aux catéchistes, aux prêtres, aux religieux et religieuses et à tous les agents pastoraux qui, dans un esprit de collaboration et de coresponsabilité, ont contribué à l’édification de notre pays. En ce moment de grâce, au nom de notre Eglise, nous demandons humblement pardon au Seigneur et à notre peuple pour tous les manquements des fils et filles de l’Eglise. Que Dieu qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous fasse revivre avec le Christ (cf Eph 2, 4-5)2
.
7. Les héros de l’Indépendance rêvaient de la grandeur du Congo et de sa prospérité : « nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique tout entière (…), nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants (…) j’invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants à se mettre résolument au travail en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique3». Ils invitaient le peuple à prendre le plus bel élan dans la paix pour bâtir un pays plus beau qu’avant4
. C’était un projet national mobilisateur des énergies du peuple congolais et de ses dirigeants. L’Eglise a salué cet événement historique et contribué à son avènement par la formation de l’élite.
8. Cinquante ans après, c’est avec respect qu’il convient d’évoquer et d’honorer la mémoire de ces pionniers qui firent preuve d’un consensus historique à la Table Ronde de Bruxelles. Ce consensus permit à la RD Congo d’accéder à l’indépendance sans guerre de décolonisation. C’est ici le lieu de nous souvenir de tous nos compatriotes qui ont donné leur vie pour libérer la RD Congo du joug colonial et lui permettre d’être reconnue sur l’échiquier international en tant que nation libre. Ce jubilé d’or interroge la conscience nationale sur la manière dont nous avons assumé le rêve des pères de l’Indépendance. Il doit nous conduire à réfléchir à l’hommage le plus approprié et à la façon d’enseigner à nos enfants l’histoire de notre accession à la souveraineté internationale.
9. Il convient donc de revisiter à nouveaux frais aujourd’hui les événements marquants de notre histoire après l’indépendance pour en tirer des leçons utiles pour notre avenir. Car qui ne veut tirer les leçons de son histoire se condamne à la répéter.
Cinquante ans après, nous devons avoir le courage de nous interroger honnêtement : dans quel état se trouve la RD Congo, notre pays, et pourquoi ?
2 Cf. Jean-Paul II, Lettre encyclique Dives in misericordia (30 novembre 1980), n.1.
3 Discours de Patrice-Emery Lumumba, Premier ministre de la République du Congo, dans Congo-Afrique, janvier 2010, n° 441, pp. 21-22.
4 Cf. Hymne national
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II. SITUATION ACTUELLE : UN REVE BRISE
10. Il faut honnêtement reconnaître certes, tous les progrès sectoriels qui ont pu être réalisés et de nombreux acquis en plusieurs domaines qui ont été obtenus au cours du demi-siècle de notre jeune République, notamment des infrastructures dans le domaine éducatif et sanitaire, la formation de l’élite intellectuelle de haut niveau universitaire, la mise en place des institutions issues des élections démocratiques, l’éveil d’une opinion publique, le refus de la balkanisation, etc. Malgré ces avancées, le bilan global peut se résumer par cinquante années de tribulations et d’opportunités manquées.
1. Vie politique : une logique du pouvoir contraire aux idéaux de
l’indépendance
11. Force est de reconnaître, 50 ans après, que le projet national sous-jacent à l’idée de la souveraineté a été trahi par une sorte de perte ou d’abandon de la vocation à l’indépendance véritable. Car, la nation n’est pas vraiment debout ni ses fils et filles totalement affranchis !
12. Les raisons principales qui rendent compte de cette situation sont entre autres le néocolonialisme et l’impérialisme; des assassinats; des guerres ; des coups d’Etat militaires ; la personnalisation du pouvoir et de l’Etat; la mauvaise gouvernance ; l’entrave à l’exercice des libertés publiques ; le pillage des ressources naturelles du pays ; l’instrumentalisation des institutions républicaines au service des individus, l’exacerbation des clivages ethniques et tribaux à des fins politiciennes et électorales.
13. Ne faudrait-il pas reconnaître que la source première de la plupart de nos problèmes et de nos échecs réside dans une vision et une pratique du pouvoir politique contraires aux idéaux de l’indépendance et des sociétés démocratiques ? En effet, au lieu d’être un service du bien commun, les responsabilités publiques sont appréhendées et exercées dans la logique du partage des avantages économiques au détriment de la population. On préfère la légitimité des alliances politiques et militaires à celle que confère un service loyal du peuple.
14. La Conférence Nationale Souveraine et les élections de 2006 ont constitué des moments importants de notre histoire, surtout dans leur visée primordiale de réconcilier la nation congolaise avec les idéaux de l’indépendance. Cependant, ce cycle est resté inachevé. Jusqu’à ce jour, le peuple attend la tenue des élections locales et communales.
15. Pour les prochaines années : de quel Congo rêvons-nous ? Quel type d’homme pourrait mobiliser et canaliser nos efforts pour que ce rêve devienne une réalité ? Autant de questions que l’on ne saurait éluder à l’aube de cette nouvelle étape de notre histoire. Le constat est clair : cette politique n’a pas assuré la paix. Les 50 ans d’indépendance de la RD Congo ont été jalonnés par des violences et des guerres très atroces et dévastatrices. Nous nous souvenons des « martyrs de l’indépendance », de nombreuses « victimes de la démocratie ». La dernière décennie a particulièrement enregistré des conséquences incalculables des conflits armés qui ont ensanglanté la nation tout entière. Nous n’oublierons jamais les millions des morts, victimes des guerres ni les millions de déplacés !
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16. Nous pensons spécialement aux femmes, aux jeunes et aux enfants dont la dignité a été bafouée à outrance par la violation de leurs droits. Nous leur exprimons notre sollicitude et les assurons de notre prière. L’Eglise catholique elle-même a été blessée dans beaucoup de ses membres et dans ses structures. Elle a communié au destin du peuple congolais jusque dans ses souffrances : Evêques, prêtres, personnes consacrées et fidèles laïcs ont payé de leur vie par amour pour ce peuple.
17. Il est fort déplorable que la RD Congo soit obligée de saluer l’emblème d’or de sa souveraineté pour ces 50 années sans une armée vraiment républicaine, capable de défendre la sécurité de ses habitants et l’intégrité territoriale contre les projets persistants de sa balkanisation.
18. Quant à l’exercice de la justice, malgré quelques avancées, le pouvoir judiciaire ne jouit toujours pas de l’indépendance ni de moyens pour son exercice loyal. Il ne pourrait exister de justice que moyennant son indépendance, des moyens financiers proportionnés et surtout des hommes et des femmes au-delà de tout soupçon et capables de dire le droit dans le respect des procédures.
2. Vie économique : régression, extraversion et prédation
19. Marquée essentiellement par une crise structurelle, la vie économique de la RD Congo, depuis l’indépendance, a connu plusieurs phases. Une première phase marquée par une gestion irresponsable de l’héritage colonial, caractérisée par les luttes et l’instabilité politique. Une deuxième période de nationalisme économique, de conjoncture économique mondiale favorable et de relative stabilité politique, qui ont contribué à une croissance économique et un renouveau de confiance de la part du secteur privé. Une troisième période marquée par la descente aux enfers avec l’aggravation de la crise économique et la déliquescence de l’appareil de l’Etat.
20. La politique économique du Gouvernement congolais reste actuellement une politique de manque d’investissement dans laquelle l’économie informelle occupe près de 90% de l’activité du pays. D’aucuns attribuent cette situation à l’absence d’une économie formelle forte, basée notamment sur la production des entreprises de portée nationale qui malheureusement n’existent plus.
21. A travers toutes ces phases, l’économie congolaise apparaît extravertie. Par ailleurs, elle ne place pas l’homme congolais au coeur de ses préoccupations. La régression économique apporte comme conséquence sociale une baisse inquiétante du niveau de vie des populations.
22. Il en découle une autre conséquence : la chute des composantes de l’indice du développement humain et la croissance de l’indice de pauvreté humaine. D’autres conséquences sont à relever, notamment l’accélération du mouvement d’émigration vers l’étranger, la fuite de cerveaux, la destruction du système des valeurs sociales, morales et spirituelles qui fondent et sécurisent la vie humaine dans toute société.
23. Nous déplorons l’oisiveté et la perte du sens du travail de la part des citoyens. Ceci contribue à la montée de la culture de la cueillette et de la facilité et compromet finalement l’idéal de bâtir un pays plus beau qu’avant par le labeur.
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24. Dans le secteur de l’économie, la gestion des ressources naturelles mérite des considérations particulières. Ces « ressources naturelles qui font de la RDC un "scandale géologique" constituent à la fois un bonheur, c'est-à-dire, un important atout économique pour le redressement du pays et un malheur, c'est-à-dire, une source permanente de convoitises, de conflits, de corruption voire d'une mafia internationale dont certains Congolais sont complices »5
. Le manque à gagner occasionné par cette exploitation illicite aurait pourtant servi à élaborer des projets ambitieux de développement économique en vue d’accroître la production nationale et d’améliorer ainsi les conditions de vie des populations. Le mode d’exploitation des ressources naturelles a du mal à se départir de l’économie de prédation.
25. Nous saluons les efforts que la RD Congo déploie de plus en plus pour assainir le secteur des ressources naturelles, notamment la revisitation des contrats miniers et la certification prochaine des produits forestiers et non ligneux. Nous regrettons le fait que ces efforts ne soient pas souvent le fruit de notre propre initiative, mais celle des partenaires au développement qui misent plus sur leurs intérêts que ceux des Congolais et qui cherchent par ricochet et à tout prix à s’aménager un cadre juridique pour opérer dans une légalité sans justice.
26. Un coup d’oeil sur la carte des ressources naturelles du pays, et en particulier des ressources minières et forestières nous renseigne que c’est tout le « Congo riche » qui est « concédé » aux exploitants étrangers, souvent associés à quelques privilégiés de la gouvernance économique de prédation qui les couvrent. Ces contrats de concession étant généralement de longue durée, l’on est en droit de s’interroger sur les perspectives qu’ils présentent pour l’avenir du pays. Ne s’agit-il pas d’une hypothèque de l’avenir de la RD Congo ? Que lui reste-t-il de ses immenses ressources ?
3. Vie sociale : inégalités criantes et misère
27. Quand, en 1960 est proclamée l’indépendance de notre pays, les aspects socio-économiques présentaient des indicateurs au-dessus de la moyenne. Aujourd’hui ces indicateurs sont au rouge. La vie sociale est caractérisée par des inégalités offensantes et par la misère due à l’effritement des services sociaux de base : santé, alimentation, logement, éducation et emploi.
28. Le sous-développement s’explique en grande partie par l’absence d’un plan de développement digne de ce nom. Le pays est sous perfusion. En témoigne la prolifération des groupes d’assistance humanitaire et d’organisations non gouvernementales qui suppléent à la démission voire à l’absence de l’Etat dans plusieurs secteurs de la vie.
29. L’un des secteurs de la vie sociale qui suscite beaucoup d’inquiétudes, c’est notre système éducatif qui a enregistré une régression considérable. La part allouée à l’éducation dans le budget de l’Etat est passée de près de 30% dans les années 60 à moins de 7% aujourd’hui.
30. Ne nous voilons pas la face : le rêve de bâtir un Congo plus beau qu’avant n’a-t-il pas été brisé ? Pour nous, la RD Congo a plus reculé qu’avancé. L’homme congolais n’a pas été
5 CENCO, « JJ’’aaii vvuu llaa mmiissèèrree ddee mmoonn ppeeuuppllee » (Ex 3,7) Trop c’est trop! (15 février 2003).
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au centre de l’action politique, ni économique ni sociale. Après cinquante ans d’existence, notre pays est sous accompagnement et encadrement international spécial pour sa survie et son fonctionnement. Pouvons-nous espérer que ce cinquantenaire sera un tournant décisif pour un avenir meilleur ?
III. L’AVENIR DE LA RD CONGO : NOTRE REVE
31. Nous proclamons haut et fort que l’avenir prospère et heureux de la RD Congo dépend avant tout des Congolais eux-mêmes. Ce jubilé d’or de l’Indépendance est donc le moment favorable, l’heure décisive pour nous mettre débout en vue de construire ensemble notre destinée. Nous ne devons pas toujours rester sur les quais de l’histoire. Il nous appartient, avec la grâce de Dieu, d’orienter notre avenir. Quel avenir voulons-nous donc pour le Congo ? Quels sont nos propositions et nos engagements pour bâtir le Congo de l’avenir ?
1. Raviver l’espérance de notre peuple
32. Nous considérons comme priorité, pour la renaissance du Congo, cette exigence de ranimer l’espérance dans les coeurs désemparés des Congolais et Congolaises angoissés par un avenir sombre.
33. En effet, malgré les graves problèmes auxquels la RD Congo est confrontée, malgré une évaluation en majeure partie négative, nous sommes convaincus que les hommes et les femmes de ce pays sont capables aujourd’hui de surmonter les handicaps de notre situation et de construire un Congo plus beau qu’avant. Un objectif majeur est donc de raviver l’espérance. « Celui qui a l’espérance, vit différemment : une vie nouvelle lui a déjà été donnée »6
.
34. L’espérance chrétienne, on le sait, est l’antidote à toutes les fatalités et à tous les pessimismes. Elle enseigne qu’avec Dieu quelque chose de nouveau peut toujours advenir. Cette nouveauté interpelle la responsabilité des croyants. Cette espérance chrétienne qui ne nous dédouane pas de nos responsabilités, mais qui nous pousse à oser, à agir. Nous dénonçons les formes de religiosité et de spiritualité qui déresponsabilisent le Congolais et le détournent de sa mission de construire la cité terrestre.
35. C’est pourquoi nous rappelons aux fidèles catholiques que comme « sel de la terre et lumière du monde » (Mt 5, 13-14), ils ont une grave responsabilité de participer activement à la naissance d’une société nouvelle et à s’engager pour le développement de notre pays7
. La foi chrétienne exige de prendre notre part à l’édification d’une nation juste, fraternelle et solidaire. Les chrétiens, à tous les niveaux de la vie sociale et professionnelle, doivent devenir signe d’espérance d’un Congo nouveau. Pour notre part, nous allons proposer à nos fidèles une catéchèse appropriée pour les accompagner dans cette mission.
2. Adopter un idéal politique de service
6 Benoît XVI, Lettre encyclique Spe salvi (30 novembre 2007), n.2.
7 Cf. Conférence Episcopale du Zaïre, L’Eglise au service de la Nation zaïroise. Actes de la XIème Assemblée plénière de l’Episcopat du Zaïre (10 mars 1972) ; Se reporter également à Jean-Paul II, Exhortation apostyolique post-synodale Ecclesia in Africa (14 septembre 1995), n. 89.
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36. Les politiciens que nous voulons pour le Congo de demain sont ceux qui craignent Dieu, aiment notre peuple jusqu’au bout et vivent leur engagement politique comme un service du bien commun8. C’est l’homme qui doit être au coeur de tout engagement politique. L’histoire récente du pays, la misère révoltante du peuple congolais et les interminables atermoiements de certains acteurs politiques rendent impérieusement urgente l’invitation de la 2ème Assemblée Spéciale du Synode des Evêques pour l’Afrique qui invite les chrétiens engagés en politique « à se convertir, ou à quitter la scène publique, pour ne pas nuire au peuple ni entacher la réputation de l’Église Catholique »9
.
37. L’Eglise famille de Dieu en RD Congo félicite et encourage ses fidèles qui sont en politique et qui se comportent en « ambassadeurs » du Christ. A ceux de nos fils et filles acteurs politiques qui continuent à trahir leur foi baptismale et leur mission dans la construction de la cité, nous redisons qu’ils en répondront devant Dieu. La CENCO est disposée à les accompagner à travers des aumôneries spécialisées pour les aider dans la réalisation de leur noble mission. A cet effet, elle leur réserve un message particulier à l’occasion de ce jubilé d’or de l’indépendance.
3. Promouvoir une économie au service de l’homme
38. Une Nation ne peut pas prospérer pendant longtemps si elle favorise uniquement ses membres déjà nantis. L’avenir harmonieux de la RD Congo exige donc une économie du développement au grand profit de l’homme congolais.
39. Il faudrait, pour un Congo nouveau, envisager le mode de croissance économique durable et orienté vers la solution du problème de pauvreté. Il doit être de ce fait un mode de croissance basé sur les secteurs productifs qui impliquent la participation des larges franges des populations et ce, aussi bien dans la production que dans le bénéfice de la croissance elle-même. Ce sont notamment les secteurs comme l’agriculture qu’il faut promouvoir et dont il faut valoriser la production par une transformation locale et des possibilités de commercialisations élargies, les infrastructures économiques des masses, l’habitat et d’autres secteurs comme le transport, l’énergie de manière à promouvoir l’accumulation interne au détriment de l’accumulation extravertie. Pour cela, il est impératif que l’Etat joue son rôle de responsable du bien-être des populations et du développement humain dans le pays.
40. Cela requiert que l’on investisse dans la santé, la nutrition et surtout dans l’éducation des populations. Investir dans les services sociaux de base ou dans le développement des ressources humaines devient ainsi un des défis majeurs pour cette stratégie de renforcement des capacités des populations pour un développement harmonieux de la RD Congo.
41. Pour une économie au service de l’homme congolais, il est impérieux de rappeler la contribution de ses propres citoyens. C’est pourquoi nous appelons solennellement tout notre peuple à s’acquitter du devoir civique et constitutionnel de payer l’impôt et les taxes qui contribuent au développement du pays. L’Eglise s’engage à collaborer avec le Gouvernement dans la construction d’une culture fiscale capable de préserver la souveraineté nationale et d’assurer le développement solidaire de la RD Congo. Nous avons décidé de lancer une grande campagne de lutte contre la corruption par le civisme fiscal.
8 Cf. Jean-Paul II, Ecclesia in Africa, n. 111.
9Deuxième Assemblée pour l’Afrique du Synode des Evêques, Message final au Peuple de Dieu, n. 23.
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42. Ce civisme fiscal se construit sur la base d’une gestion transparente des finances publiques au service des populations. Nous demandons à l’Etat de mettre en place des structures et des mécanismes clairs susceptibles d’assurer cette transparence. Pour notre part, nous allons former davantage la population à la base afin qu’elle joue correctement son rôle de Souverain Primaire dans le contrôle citoyen de la gestion des finances publiques.
43. A cet effet, l’Eglise en tant que mère et éducatrice aux valeurs chrétiennes et républicaines vient de publier un manuel de référence de lutte contre la corruption intitulé : « Bâtir un Congo plus beau qu’avant. La Culture fiscale ». Cet instrument que nous offrons à notre peuple pourra contribuer à la refondation d’un Congo plus beau qu’avant par la lutte contre la corruption.
44. Dans le domaine névralgique de la gestion des ressources naturelles, il est urgent que l’Etat congolais :
- Elabore un plan de gestion à long terme qui tienne compte des générations futures, en choisissant à tour de rôle les domaines qui doivent soutenir l’économie nationale sur base d’une meilleure connaissance des ressources et de leur valeur ;
- Harmonise les lois déjà promulguées pour éviter la conflictualité par rapport aux pays voisins et à d’autres normes internationales ;
- Informe et implique la population dans la gestion des ressources naturelles afin qu’elle prenne conscience de ses responsabilités aux fins de combattre la corruption.
45. S’agissant de la dette extérieure, nous pensons qu’elle constitue non seulement l’obstacle majeur au développement du pays, mais qu’elle a aussi un impact négatif sur les secteurs sociaux. Celui-ci s’étend sur la qualité de la gouvernance et favorise la corruption. Dans la recherche de solutions à cet épineux problème, l’expérience démontre que l’initiative PPTE (pays pauvres très endettés) est loin de constituer la solution miracle à ce grand défi. Nous faisons nôtre l’appel du Pape Benoît XVI au G8 en exigeant de la communauté des créanciers de la RD Congo « une annulation rapide, complète et sans condition de la dette extérieure »10
pour donner au pays les chances de se remettre sur les sentiers du développement durable.
4. Replacer l’éducation au coeur de nos priorités
46. Nous tenons et soutenons que l’éducation est le secteur qu’il faut promouvoir en priorité pour construire notre pays et le rendre « plus beau qu’avant ».
47. C’est à juste titre que les Etats généraux de l’éducation et la Conférence Nationale Souveraine avaient proclamé l’éducation « priorité des priorités » et « l’éducation pour tous » comme « l’outil par excellence » pour sortir notre pays du sous développement. Car, « une société sans école est une société sans avenir ».
48. En effet, quel développement peut-on attendre sans école, sans une éducation de qualité de ceux qui devront le réaliser ? Quel avenir pour la RD Congo si les jeunes acquis à la loi du moindre effort, croient que les résultats s’achètent par tous les moyens, même au prix de leur dignité humaine ? Quel avenir si l’éducation reste toujours marginalisée dans les prévisions budgétaires nationales ? Le cinquantenaire doit être l’occasion favorable pour de nouveaux
10 Cf. Benoît XVI, Lettre à la Chancelière Angela Merkel (16 décembre 2006).
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engagements dans le budget à allouer à l’enseignement. L’Eglise sait que l’Etat a aujourd’hui les moyens de rémunérer comme il se doit ceux qui ont la responsabilité de donner à la nation ses futurs cadres et dirigeants. Elle exige que les retombées de l’annulation de la dette de la RD Congo annoncée soient destinées prioritairement à ce secteur vital de la nation.
49. L’Eglise n’accepte pas la démission de l’Etat dans ce domaine. Trop c’est trop ! L’employeur des enseignants ce ne sont pas les parents mais l’Etat. Le pays ne saurait s’engager résolument dans la voie de son développement en ne réservant qu’une part dérisoire de son budget national à un domaine si vital !
50. L’Eglise catholique s’engage à poursuivre la formation des hommes et des femmes de valeur dont notre pays a besoin pour son développement harmonieux. A travers son projet éducatif, elle entend donner à nos jeunes, en plus des capacités intellectuelles, de solides bases morales et spirituelles qui les aideront à choisir toujours ce qui est vrai et juste, ce qui est noble et élève l’homme et, à rejeter la tentation de la violence, du ressentiment, de la loi du moindre effort.
5. Forger une nouvelle mentalité
51. L’avenir du Congo exige un nouvel esprit et une nouvelle culture : le respect du bien commun et de la parole donnée, le sens de l’effort, l’amour du travail et le patriotisme. Ce changement de mentalités ne peut réussir sans des structures sociales qui le portent et les alimentent, sans la construction de nouvelles institutions politiques et sociales de gestion de la vie collective selon des principes différents de ceux qui, aujourd’hui, trahissent la nation.
52. Ce dont il s’agit, en profondeur, c’est de penser l’organisation, la gestion et l’administration de notre peuple et de la Nation à partir de grandes valeurs spirituelles, éthiques et rationnelles, pour mettre l’homme au coeur des pratiques du pouvoir politique, de l’organisation socio-économique et de toutes les sphères de la vie. L’Eglise s’engage, à travers un programme d’éducation civique à accompagner le peuple dans la construction de cette nouvelle culture des valeurs. Elle mobilisera pour cela les familles, les communautés ecclésiales vivantes, les écoles, les mouvements d’action catholique, les médias.
CONCLUSION : Pour un Congo plus beau
53. Les Pères de l’Indépendance ont rêvé d’un Congo plus beau qu’avant. La RD Congo d’aujourd’hui a besoin d’un grand rêve, d’une nouvelle vision, d’un grand souffle. Elle a besoin de refonder son existence sur ses valeurs vitales et de s’ouvrir à la sève de l’Evangile, pour produire la nouvelle culture de l’amour des autres et de la patrie, de la justice et de la paix, qu’elle devra proposer à notre monde.
54. Notre prière à l’occasion du jubilé d’or de l’indépendance de notre pays est de voir la RD Congo connaître un nouveau départ. Celui-ci exige une conversion spirituelle et morale.
55. Pour signifier ce nouveau départ, en cette année du jubilé, une année de grâce, de relaxe des esclaves, de libération des opprimés, l’Eglise demande la libération des prisonniers politiques et d’opinion, l’érection d’un mémorial à Kinshasa et dans chaque province pour nos millions de morts victimes de la violence qui s’est abattue, aveugle et sans pitié, sur une large frange de la population.
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56. Nous savons que ce nouveau départ ne s’arrête pas aux gestes posés à l’occasion du jubilé. Les défis que nous devons relever sont réels, ils sont graves et ils sont nombreux. Ils ne seront pas faciles à relever. Mais, nous sommes convaincus que, mûs par « l’espérance qui ne déçoit point » (Rm 5, 5), nous les relèverons. Le jubilé doit, pour cela, être le moment de choisir de faire triompher l’espoir sur la peur, l’unité de notre destin sur les conflits ; le moment de choisir de garantir à la justice les moyens adéquats pour dire le droit ; le moment de ne plus faire couler le sang des innocents ; le moment de choisir une coopération et une entente renforcée avec les pays voisins et la communauté internationale dans le respect de la loi internationale et la sauvegarde de notre souveraineté nationale. Avec ce choix, l’homme congolais sera au coeur de l’action politique. Notre humanité se relèvera au grand jour et le Congo nouveau vivra fort, uni et prospère.
57. Que le Seigneur qui fait toutes choses nouvelles (cf. Ap.21, 5), nous donne un souffle nouveau pour la renaissance de la RD Congo. A la Vierge Marie, Notre Dame du Congo, Etoile du matin qui a donné au monde Jésus, « Soleil levant qui vient nous visiter » (cf. Lc 1, 76), nous confions notre grand rêve d’un Congo plus beau qu’avant.
Fait à Kinshasa, le 24 juin 2010
En la fête de la Nativité de Saint Jean-Baptiste
« AMBASSADEURS DU CHRIST » (2 Co 5, 20) DANS LES MILIEUX POLITIQUES
Lettre des Evêques catholiques de la RD Congo aux Acteurs politiques catholiques à l’occasion du jubilé d’or de l’Indépendance du pays (1960-2010)
Chers fils et filles dans la foi,
Chers frères et soeurs dans le Christ,
Préambule
1. A l’occasion du jubilé d’or de l’Indépendance de notre pays, nous, Archevêques et Evêques, vos Pères dans la foi, réunis en session ordinaire de l’Assemblée plénière de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), venons nous adresser spécialement à vous, Acteurs politiques catholiques, hommes et femmes, vous qui avez la lourde responsabilité d’être, de par votre baptême et votre confirmation, les « ambassadeurs du Christ » (2 Co 5, 20) dans les milieux politiques.
2. Heureuse coïncidence ! Ce Cinquantenaire tombe la veille des élections générales dans notre pays et au lendemain de la deuxième Assemblée pour l’Afrique du Synode des Evêques qui s’est tenue à Rome du 4 au 25 octobre 2009. Deux moments importants aussi bien pour la vie du pays que de l’Eglise.
But de notre adresse
3. Le Synode a eu un message1
fort pour les laïcs en général et pour les politiques en particulier : «Vous êtes l’Eglise de Dieu dans les lieux publics de notre société. Grâce à vous, la vie et le témoignage de l’Eglise sont rendus plus visibles au monde. » (n. 22) Nous voulons nous en faire l’écho non seulement pour y attirer votre attention, mais aussi puisque nous sommes convaincus que, en tant que domaine des décisions fondamentales, la politique reste le haut lieu de la pratique de la charité. C’est elle qui englobe les autres activités, les conditionne et fait passer dans les faits les différentes conceptions de la vie, même celles qui heurtent notre conscience. L’image de la RD Congo aujourd’hui est le fruit de différentes politiques mises en oeuvre depuis le 30 juin 1960 à ce jour.
4. En cinquante ans d’Indépendance, le Congolais a fini par croire qu’il ne peut rien pour son pays comme son pays ne peut rien pour lui. A force de l’entendre, il s’est mis dans la tête qu’il est incapable de créer, d’inventer ou d’innover. Cette perte de confiance en soi mine tous les efforts pour le développement. Le Congolais ne sait plus voir les réalisations positives dont il doit être fier. Le jubilé est un moment favorable pour les recenser et les mettre en valeur. Conscient de ses réussites, il reprendra confiance en lui-même, cessera de se sous-estimer, se mobilisera et sera prêt à se sacrifier pour la grandeur du Congo, son beau pays. Dans ce contexte, les élections sont une chance offerte pour placer dans les hautes sphères politiques de « saints politiciens qui combattent la corruption, travaillent pour le bien du peuple et
1 L’Eglise en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et la paix. Message final de la IIè Assemblée spéciale du Synode des Evêques pour l’Afrique.
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savent mobiliser les autres hommes et femmes de bonne volonté pour s’allier contre les maux » (n. 23) qui rongent son pays.
5. Dans ce pays, il a existé et il existe des hommes et des femmes politiques dont la Nation doit s’enorgueillir, notamment les Pères de l’Indépendance. Aujourd’hui, en tant que Pasteurs, notre but est d’encourager toute action et tout engagement politique efficace pour l’avenir de la Nation.
Raisons de l’éveil politique
6. Il est vrai que les coups d’Etat, la dictature, les guerres à répétition, la politique politicienne, la corruption généralisée et les promesses fallacieuses comme modes de gestion de la société ont fini par éclipser tout ce que le pays en cinquante ans d’Indépendance a offert de bon et de beau. Mais, fêter un jubilé dans la vie d’un individu, comme dans celle d’une institution ou d’un pays est une grâce. Cette année est une année de grâce ! En même temps que nous remercions le Seigneur pour ses bienfaits en faveur de notre pays, nous sommes heureux de constater qu’un effort louable a été entrepris pour ne pas réduire le cinquantenaire de l’Indépendance aux réjouissances populaires ou folkloriques. Une place non moins négligeable a été réservée à l’interrogation, à la remise en question et à la projection. D’où venons-nous ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? Autant de questions qui méritent qu’on s’y arrête pour éviter, dans l’avenir, puisque les mêmes causes produisent les mêmes effets, de retomber dans les travers du passé ou de rester à tourner en rond. L’au-delà du cinquantenaire risque de n’être que la répétition ou la réplique de la situation d’avant le cinquantenaire.
7. Ce questionnement prend une autre allure quand on sait que ce jubilé d’or coïncide avec l’organisation des élections générales dans notre pays. N’est-ce pas là un moment propice pour ceux qui sont appelés à l’exercice du pouvoir par la confiance des concitoyens, selon les règles démocratiques, au lendemain du cinquantenaire de l’Indépendance? Ils devront se montrer capables de diriger la RD Congo dans le respect de la vision des Pères de l’Indépendance qui, une fois en possession de leur terre, « une terre plantureuse et vaste…une terre qui ruisselle de lait et de miel » (Ex 3, 8), caressaient le rêve de vivre dans un pays libre, un pays toujours « plus beau qu’avant », comme nous le chantons dans notre hymne national. Ils ne le souhaitaient pas pour une minorité seulement, mais pour tous les habitants, quels que soient le travail et le rang social. Il est plus que temps de relever ce défi. Autant à l’Indépendance il n’y avait pas d’élites préparées pour diriger le pays ; autant aujourd’hui, au moment de fêter le jubilé d’or de l’Indépendance, on semble ne pas avoir une élite capable de gérer la chose publique. Pourtant, ce ne sont pas les compétences qui manquent. Nous sommes peinés au constat qu’on n’a pas su gérer l’héritage de l’Indépendance.
8. Longtemps mis sur la sellette, puisque depuis l’accession de notre pays à l’Indépendance, vous, Acteurs politiques catholiques, hommes et femmes, avez toujours été présentés à tort ou à raison comme ceux qui ont présidé aux commandes de l’Etat, vous devez aujourd’hui vous réveiller et rester éveillés pour conformer votre vie à votre foi. Votre crédibilité en dépendra. Aussi le Psalmiste écrit-il : « Quand les justes se multiplient, le peuple est en liesse ; quand les méchants dominent, le peuple gémit » (Ps 29, 2) Maintenant que vous avez pris conscience de
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votre « part de responsabilité dans la médiocrité généralisée »
2 qui a caractérisé les cinquante ans de notre Indépendance, l’échec n’est plus permis. On attend que vous soyez plus des témoins que des maîtres3. Thomas More4, patron des responsables de gouvernement et des hommes politiques et, au sens large, de tous ceux qui sont engagés dans la vie publique, fut martyr pour la vérité chrétienne, la vérité selon laquelle « l’homme ne peut pas se séparer de Dieu, ni la politique de la morale. »5
Noblesse de l’engagement politique
9. S’engager en politique, c’est s’engager à servir (Cf. Mt 20, 26-28). Dans ce sens, la politique ne peut en aucun cas être rabaissée à la course aux honneurs et à l’argent. Sinon elle devient une trahison permanente de l’excellence, du service et de la promotion du bien commun qui empêche de chercher les privilèges, le secours abusif et de s’abandonner aux délices de l’Etat-Providence. La multiplicité des privilèges et des exceptions donne finalement à penser à un Etat sans lois quand ce n’est pas carrément à l’inexistence de l’Etat6
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10. Si l’action politique est un moyen efficace d’influer sur l’histoire, son enjeu, qui est un défi exaltant, est la création d’une société où les citoyens ont le souci de reconnaître en chacun un frère ou une soeur et de le traiter comme tel. Aussi l’Eglise présente-t-elle l’engagement politique comme l’une des plus hautes formes de charité. Vous avez donc, en tant que laïcs catholiques, l’obligation d’y prendre part7. « Les accusations d’arrivisme, d’idolâtrie du pouvoir, d’égoïsme et de corruption, qui bien souvent sont lancées contre les hommes du gouvernement, du parlement, de la classe dominante, des partis politiques, comme aussi l’opinion assez répandue que la politique est nécessairement un lieu de danger moral, tout cela ne justifie pas le moins du monde ni le scepticisme ni l’absentéisme des chrétiens pour la chose publique. »8
Vous êtes là devant un devoir d’amour. Vous n’avez plus les raisons de vous en dérober.
11. En effet, prétendre aimer ses frères et ses soeurs et refuser de s’engager à leur service en servant la communauté est non seulement un contresens répréhensible, mais aussi et surtout une démission devant l’exigence de témoignage de foi. Que chacun puisse librement s’exprimer et agir en vue du bien commun, seul ou dans les partis politiques, le gouvernement et le parlement est un droit et un devoir. Le bien commun, faut-il le rappeler, comprend aussi bien le bien propre de la
2 Cf. CEAL, Enjeux pour une démocratie participative : Rôle du leadership efficace. Acte du Premier Atelier des Acteurs Politiques Catholiques du 21 au 23 mai 2004 Centre Catholique Nganda de Kinshasa, Editions : Secrétariat général de l’Episcopat de la RD Congo, Kinshasa-Gombe, p. 201.
3 Cf. PAUL VI, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, n. 41.
4 Martyr, Thomas More a vécu de 1478 à 1535. Lorsque le roi Henri VIII rompit avec Rome afin de pouvoir divorcer, et fonda l’Eglise anglicane, le chancelier More désapprouva son souverain et démissionna. Arrêté, il fut exécuté comme traître. L’Eglise le fête le 22 juin.
5 JEAN-PAUL II, Lettre apostolique en forme de « motu proprio » pour la proclamation de saint Thomas More comme Patron des responsables de gouvernement et des hommes politiques. La Documentation Catholique, 3 décembre 2000, n. 2237.
6 CENCO, Année Bienheureux Isidore BAKANJA, Année de sanctification et de témoignage suivie de L’exhortation aux laïcs catholiques, Kinshasa-Gombe, Secrétariat général de la CENCO, 2008, p. 9.
7 CENCO, Directoire sur la nouvelle évangélisation et la catéchèse dans la perspective de l’Eglise Famille de Dieu. A l’usage des agents de l’évangélisation et de la catéchèse en République démocratique du Congo, Kinshasa-Gombe, Editions du Secrétariat général de la CENCO, 2001, n. 160.
8 JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique Christifideles laici, n. 42.
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collectivité prise en bloc que l’ensemble des moyens que toute la société doit procurer à chacun de ses membres pour être pleinement humain. En ce sens, il est plus que la somme des intérêts particuliers souvent contradictoires entre eux.
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12. Nous profitons de ce jubilé d’or de l’Indépendance pour vous appeler à un engagement politique en vue d’un idéal, celui du bien commun, plutôt que pour les intérêts égoïstes. Notre idéal à nous chrétiens, c’est le Christ. Il nous rappelle à tout moment que la meilleure façon d’aimer c’est servir. Si vous gardez les yeux fixés sur le Seigneur Jésus vous réussirez absolument à passer de la politique des dons à la politique du don de soi ; de la politique au service de ses intérêts à la politique au service de la Nation, celle qui, dans la gestion de la chose publique, se soucie d’abord et avant tout, en tout et pour tout, du bien commun. Ainsi vous ferez de notre pays un havre de paix, de justice et d’amour.
13. Voilà pourquoi la politique retrouve ses titres de noblesse dans l’instauration des conditions institutionnelles pour la coexistence pacifique et féconde entre les hommes à l’intérieur d’une vie démocratique et de liberté publique. Mais quand la soif du pouvoir et des richesses, le positionnement et le clientélisme jouent au mépris de la prospérité du peuple et de la Nation, les services de base, notamment les salaires, la sécurité sociale, la sécurité alimentaire, sont condamnés à n’être que des voeux pieux. L’acteur politique se laisse gangrener par l’insatiable soif du pouvoir et de la vanité, l’enfermant dans un univers d’intrigue et de tromperie. La politique redevient alors le domaine du mensonge et qui ne peut être fréquenté que par des gens qui ont perdu le sens de l’honneur. On a vite cédé à la tentation d’attribuer la responsabilité de la mauvaise gestion de l’Etat aux intérêts étrangers. Le but inavoué, mais certain, est de nier la honteuse et tragique complicité des dirigeants locaux (Cf. nn. 5 et 36). C’est aussi, vraisemblablement, cacher que la présence ou les interventions récurrentes des organismes internationaux sont des signes évidents que, pour le bien commun, l’intérêt supérieur de la Nation, les politiques n’ont pas réussi à se mettre d’accord ou à harmoniser leurs points de vue.
Réhabilitation de l’action politique
14. Quitter la politique de l’immédiateté pour celle de la vision, la culture de la cueillette pour celle de l’approche programme est un impératif qui s’impose à tous. Il est important, pour la vie de la démocratie, que les partis politiques s’organisent en pépinières de patriotes soucieux de la bonne marche de ce pays plutôt qu’en groupes de personnes plus portées à défendre leurs propres intérêts qu’à se dévouer au service du peuple. Nous vous invitons donc à en faire des lieux d’excellence et de patriotisme, des espaces où l’on cultive l’esprit de sacrifice, le sens de l’abnégation et le souci de l’autre. Que les places de commandement soient attribuées aux personnes sur base de leur mérite, compétence ou expérience ; des personnes désintéressées, décidées à résister à la corruption, au népotisme, au favoritisme et au clientélisme. Que les services de sécurité s’emploient à protéger la population plutôt qu’à la brimer.
15. Cette interpellation pressante n’ignore pas que les milieux politiques sont des lieux des tensions multiformes provoquées par le dilemme permanent entre,
9 CONSEIL PONTIFICAL « JUSTICE ET PAIX », Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, Città del Vaticano, Libreria Editrice Vaticana, 2004, n. 164.
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d’une part, le choix de dominer, de chercher et d’exercer le pouvoir pour le pouvoir, avec la violence et le mensonge comme armes ; et, d’autre part, celui de servir selon l’enseignement de l’Eglise en s’opposant à la violence, à la haine et à l’égoïsme. Face à ce choix, le chrétien se retrouve dans une situation difficile qui requiert un grand courage puisqu’il risque d’être relégué au ban de la société politique. Il en va donc de sa propre survie politique. Dans ces conditions, la tentation de faire comme les autres est très forte : se servir de l’analphabétisme, de la misère et de l’immaturité politique du peuple comme marchepied pour conquérir et garder le plus longtemps possible le pouvoir, utiliser la Parole de Dieu et même les autorités religieuses pour justifier des pratiques manifestement opposées à la volonté de Dieu, se faire complice des décisions injustes en affirmant que bien qu’y étant personnellement opposé on ne saurait imposer ses convictions aux autres. Pourtant être catholique « revient à témoigner que la foi constitue la seule réponse valable […] aux problèmes et aux espoirs que la vie suscite en chaque homme et en toute société. »
10 En d’autres termes, être catholique ne se réduit pas à une certaine pratique religieuse ni à quelques choix très personnels d’ordre moral11. De toutes les façons, pour être « acteur politique à part entière et vrai disciple du Christ »12
, il faut une vie imprégnée de vérités de foi, des convictions religieuses profondes qui interdisent tout nomadisme politique s’adonnant à une sorte de transhumance éhontée indigne d’un chrétien ou contraire aux exigences de l’engagement, tout simplement pour toujours se retrouver du « bon côté ». Le Synode invite les catholiques y ayant malheureusement failli « à se convertir, ou à quitter la scène publique, pour ne pas nuire au peuple ni entacher la réputation de l’Eglise catholique » (n. 23)
16. Nous attirons ainsi votre attention sur votre tâche, lourde tâche dont vous aurez à rendre compte à Dieu, de réhabiliter l’action politique en l’imprégnant des valeurs évangéliques. Au nom de l’Evangile, en effet, l’Eglise fixe des repères fondateurs d’ humanité organisés autour de la valeur sacrée de la vie, l’indissolubilité du mariage, la promotion de la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme et l’impératif d’une solidarité entre riches et pauvres, qu’il s’agisse des personnes, des nations ou des générations. Elle appelle à se mobiliser pour l’unité de la famille et pour la dignité de la personne humaine, notamment en ce qui concerne son droit inaliénable à la vie, à la liberté, à l’éducation, au travail, à un salaire décent, à la santé. Face aux multiples situations où sont en jeu ces exigences morales fondamentales et incontournables, il faut tenir compte de ce que « le témoignage chrétien doit être considéré comme un devoir auquel on ne peut se soustraire et qui peut aller jusqu’au sacrifice de la vie, au martyre, au nom de la charité et de la dignité humaine. »13
Au coeur des choix politiques
17. Nous en appelons à votre responsabilité devant Dieu et devant les hommes afin que vous mettiez tout en oeuvre pour organiser et assurer des élections apaisées. Elles ont pour fondement un grand respect du débat démocratique qui n’est ni démagogie ni anarchie. En effet, la culture du débat politique se fonde sur la
10 JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique Christifideles laici, n. 34.
11 CENCO, Année Bienheureux Isidore BAKANJA…, n. 8.
12 CENCO, Année Bienheureux Isidore BAKANJA…, p. 9.
13 Cf. CONSEIL PONTIFICAL « JUSTICE ET PAIX », Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, n. 570.
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tolérance et le respect de l’autre comme la démocratie elle-même sur le respect des droits et des devoirs. Cela suppose plus de vertu pour soumettre la décision du choix, ce qui n’est pas du tout facile, à la justice et à la vérité. Gardez-vous donc de transformer les joutes politiques et oratoires en moments d’injures publiques ou de culture de la haine. « Aucune parole mauvaise ne doit sortir de votre bouche ; mais, s’il y en a besoin, dites une parole bonne et constructive, bienveillante pour ceux qui vous écoutent (…) Vous avez reçu en vous la marque du Saint-Esprit de Dieu : ne le contristez pas. » (Ep 4, 29-32) La RD Congo a connu trop de violences et de guerres à répétition pour ne pas souhaiter que la sagesse, la compréhension et la concorde au service du bien commun régissent définitivement la vie politique de notre pays.
18. En appelant aux élections crédibles, nous rappelons que notre rôle n’est pas de donner de consigne de vote ni de désigner des candidats à tel ou tel poste politique14. Nous n’allons pas non plus nous arroger le droit de vous pousser à la formation d’un « parti politique chrétien », ni d’un « parti politique chrétien catholique ». Ce serait contraindre tous les baptisés à y adhérer tout en jetant le discrédit sur les autres formations politiques qui, sans nécessairement utiliser le label chrétien ou catholique, pourraient être porteuses de valeurs évangéliques15
. Nous nous en tenons donc à la mission qui est la nôtre, celle d’interpeller chacun sur les motifs profonds de ses choix en rappelant que l’homme doit rester au coeur des choix politiques et que la loi doit impérativement viser la protection du plus faible.
19. Vous, Acteurs politiques catholiques, fils et filles de l’Eglise, vous avez le devoir de donner corps, dans l’exercice de vos fonctions, à l’option préférentielle de l’Eglise pour les pauvres. Pour nous, en effet, les retombées sociales pour les plus démunis constituent l’étalon ou la mesure invariable et irremplaçable de toute action politique. L’Ecriture ne cesse de le répéter : « Certes, les pauvres ne disparaîtront point de ce pays ; aussi je te donne ce commandement : Tu dois ouvrir ta main à ton frère, à celui qui est humilié et pauvre dans ton pays. » (Dt 15, 11) C’est le moment de vous dire que notre pays souffre non pas d’un manque de richesses, mais d’une absence de justice distributive. La solidarité n’existe que de nom. Pourtant, le riche qui s’occupe du pauvre connaît la paix. Il s’enrichit davantage. « Heureux qui pense au pauvre et au faible : au jour de malheur, Yahvé le délivre. » (Ps 41, 2)
Interpellations finales
20. Aussi sommes-nous convaincus que pour sortir notre pays de la misère, il est indispensable de lutter contre la corruption et de dénoncer l’impunité et la concussion qui l’entretiennent. Malheureusement, le mal a tellement pris de l’ampleur qu’il est devenu comme un mode de vie normal16
14 Cf. CENCO, Pour une fin de transition apaisée. « Le peuple avait le coeur à l’ouvrage » (Ne 3, 38), Kinshasa-Gombe, Editions du Secrétariat général de la CENCO, 2006, n. 9. . On ne s’en étonne et ne s’en
15 Cf. CONSEIL PONTIFICAL « JUSTICE ET PAIX », Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, n. 573.
16 Cf. CENCO, « Il est temps de nous réveiller » (Rm 13, 11b). Appel à la vigilance pour sauvegarder la souveraineté nationale et bâtir notre destinée, Kinshasa-Gombe, Editions du Secrétariat général de la CENCO, 2009, n. 5.
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offusque que pour faire bonne figure
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. La corruption a revêtu les formes du don ou des cadeaux. Elle s’apparente de plus en plus à la prime, aux commissions. Pour se faire élire, on rivalise d’ardeur dans les largesses et les libéralités. Comme les moyens personnels ne suffisent pas, il faut puiser dans la caisse de l’Etat, entretenir les commissions dans la passation des marchés ou recourir à des financements étrangers. Ceux qui vont écouter un « leader », un candidat, se déplacent non pour ses idées, ses convictions ou son idéal, mais parce qu’ils ont reçu ou espèrent recevoir quelque chose en retour. Ceux qui ont été élus, l’ont souvent été parce qu’ils se sont montrés les plus offrants. Une fois en fonction, ils perpétuent les mêmes pratiques. Au lieu de renforcer les Institutions, de les autonomiser, on les fragilise, mais en en faisant des vaches à lait. D’où cette mise en garde des Ecritures : « Tu n’accepteras pas de présents, car le présent aveugle les gens clairvoyants et ruine les causes justes. » (Ex 23, 8)
21. Sans nous opposer au don quand il est honnête, expression de la générosité, manifestation de la solidarité et pratique du partage, nous ne pouvons pas nous empêcher de rappeler que la politique du don n’a jamais développé un peuple, surtout quand il est la sève nourricière ou le fruit d’une corruption qui ne dit pas son nom. Elle a comme revers le maintien du pauvre dans sa situation. Celui-ci finit, en effet, par penser qu’il ne peut rien par lui-même et qu’il doit tout attendre des autres. Elle entretient également la corruption dans la mesure où, quoi qu’on fasse, on ne saura pas toujours, de ses émoluments ou de son salaire, assurer certaines libéralités.
22. C’est l’occasion d’affirmer fermement que la lutte contre l’impunité, « tolérance zéro », dans le but d’endiguer ou d’éradiquer la corruption à laquelle elle sert de support et de tremplin, ne sera d’un apport certain pour l’amélioration de la qualité de vie de la population que si, d’une part, la rigueur de la loi vise les vrais responsables, et non les lampistes ou les fusibles et, d’autre part, si les citoyens arrivent à vivre de leur travail. Il faut un travail pour tous et un salaire décent pour chacun ! « C’est tuer son prochain que de lui ôter la subsistance, c’est répandre le sang que de priver le salarié de son dû. » (Qo 34, 26-27)
23. Nous dénonçons vigoureusement la tendance qu’ont certains de s’engager dans des mouvements ésotériques18
ou de s’adonner à l’occultisme qui n’est que ténèbres et obscurantisme. Peut-on en même temps être « sel de la terre et lumière du monde » (Mt 5, 13-14) et se cacher dans l’occultisme ? N’est-ce pas là une contradiction notoire aussi bien dans la pensée que dans les faits ? Comment voulez-vous travailler à la promotion de la vérité, de la justice et de la liberté si vous vous enfermez dans les carcans des sociétés secrètes qui, par définition, font vivre dans l’illusion, l’iniquité et la servitude ?
17 Cf. CENCO, « La justice grandit une nation » (Cf. Pr 14, 34). La restauration de la Nation par la lutte contre la corruption, Kinshasa-Gombe, Editions du Secrétariat général de la CENCO, 2009, n. 5.
18 Cf. CENCO, Année Bienheureux Isidore BAKANJA…, pp. 25-26.
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24. Nous ne pourrions non plus, en tant que Pasteurs, accepter que l’Eglise et la foi soient instrumentalisées par la politique. Nous condamnons fermement le vagabondage spirituel qui n’est rien d’autre que la conséquence de l’ignorance en matière de foi. Aussi vous invitons-nous avec insistance à faire de la Sainte Bible votre pain quotidien, du Catéchisme de l’Eglise Catholique votre livre de chevet et du Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise votre « bréviaire » (Cf. n. 22). Il n’y a pas d’âge pour apprendre; il n’y a pas de temps moins propice pour se former. Le renforcement des capacités concerne toutes les générations. En politique, allier ses connaissances scientifiques et humaines à une solide formation spirituelle et morale est un atout pour la bonne gouvernance19. On doit cesser de naviguer à vue. Il faut rectifier le tir sinon nous ne ferons qu’hypothéquer l’avenir de notre pays. La présence catholique dans les hautes sphères de la politique doit aider, dans la dynamique du Synode et du Cinquantenaire, à apporter des changements qu’il faut pour un Congo nouveau. Celui-ci a besoin d’hommes et de femmes pétris d’une probité morale à toute épreuve et d’une compétence intellectuelle doublée d’une expérience bien éprouvée. Il faut des hommes et des femmes « capables d’affronter les grands défis du monde moderne marqué par la mondialisation et la complexité des problèmes. »20
Ce qui exclut l’amateurisme qui, dans les hautes sphères politiques, conduit à la ruine de la Nation. « Un roi sans instruction est la ruine de son peuple, une ville doit sa prospérité à l’intelligence des chefs. » (Qo 10, 3) Nous souhaitons donc que les Acteurs politiques catholiques, hommes et femmes, arrivent à trouver des moyens nouveaux et efficaces pour traduire la doctrine sociale de l’Eglise en culture de la politique, de l’économie et des milieux intellectuels.
Notre engagement comme Pasteurs
25. Nous nous réjouissons de constater que vos recommandations sur « l’encadrement spirituel et doctrinal des leaders politiques catholiques »21 ont été rejointes par le Synode qui « a fortement recommandé que les Eglises locales intensifient leur apostolat pour l’accompagnement spirituel de ceux qui travaillent au service de l’Etat, en créant pour eux des aumôneries » (n. 23)22
. Aussi sommes-nous disposés à nommer des aumôniers pour la classe politique.
26. Nous implorons la bénédiction du Seigneur sur vous. Nous lui demandons de vous envoyer son Esprit pour vous raffermir dans la foi. Qu’Il vous arme du courage des martyrs dans l’exercice de vos fonctions. Que l’amour maternel de la Vierge Marie vous maintienne dans la fidélité aux engagements de votre baptême pour témoigner du Christ même dans les hautes sphères politiques. Le Bienheureux Isidore BAKANJA, laïc comme vous, votre frère de sang et dans la foi, vous a donné l’exemple à suivre : « Pour moi, vivre c’est être chrétien ».
Nous vous souhaitons une bonne année jubilaire. A chacun et à chacune, nous disons : «Soyez sans crainte» (Mt 14, 27) et relançons l’appel du Synode : « Lève-toi, prends ton grabat et marche. » (Jn 5, 8).
Fait à Kinshasa, le 24 juin 2010
19 Cf. CENCO, Année Bienheureux Isidore BAKANJA…, n. 8.
20 CENCO, Levons-nous et bâtissons (Ne 2, 18). Pour un Congo nouveau, Kinshasa-Gombe, Editions du Secrétariat général de la CENCO, 2006, n. 23.
21 CEAL, Enjeux pour une démocratie participative : Rôle du leadership efficace…, p. 202.
22 Voir aussi le n. 26.
mercredi 23 juin 2010
La mort de Chebeya : une véritable épine sous le pied du pouvoir public congolais
Dans un communiqué rendu public mardi 22 juin à Kinshasa, 212 ONG nationales de défense des droits humains réclament la venue d’une commission internationale pour faciliter l’enquête sur la mort de Floribert Chebeya Bahizire et la disparition de son chauffeur.
Au même moment le procureur général de la République, Flory Kabange Numbi affirme avoir transmis les derniers éléments de son enquête sur la mort de Floribert Chebeya à l’auditorat général militaire.
Il faut rappeler que Floribert Chebeya était le directeur exécutif de la « Voix des Sans Voix », une Ong congolaise de défense des droits de l’homme. Il figurait parmi les grands activistes des droits de l’homme reconnu dans en RDC et à travers le monde.
Comment a-t-il trouvé la mort ?
Selon le témoignage donné par sa femme, Chebeya, à la veille de sa mort, était invité par l’inspecteur général de la police, John Numbi. Jusqu’à 19heure, il était encore à l’inspectorat. Cette affirmation a été confirmée par les autorités policières. Cependant aucune preuve ne peut témoigner que Chebeya est sorti vivant de l’inspectorat.
Disparu depuis la nuit, Floribert Chebeya Bahizire, a été retrouvé sans vie dans la matinée du mercredi 2 juin sur une route de Matadi, à la sortie de Kinshasa. Selon l'inspecteur provincial de la police pour la ville de Kinshasa, le général Jean de Dieu Oleko « son cadavre été allongé sur le siège arrière de (sa) voiture, apparemment sans trace visible de violence ».
Les responsables des ONG de défense des droits de l’homme du Katanga réunis le jeudi 3 juin à Lubumbashi doutent de la véracité de la version donnée sur les circonstances de la mort de Floribert Chebeya.
Au lendemain de la découverte du corps de cet activiste des droits de l’homme dans la périphérie ouest de la ville de Kinshasa, des nombreuses réactions affluent pour condamner cette mort.
Les Ogn tant nationale qu’internationales ont été les premières à être touché. Elles ont condamné fermement cet acte ignoble. A eux il faut joindre les partis politiques de la majorité aussi bien que de l’opposition. Au niveau international, les Nations-unies, l’Union africaine, les pays de l’union européenne, les USA, le parlement de la Cote d’Ivoire, et tant d’autre ont également condamné cette mort. Tous ont exigé au gouvernement congolais une enquête sérieuse et indépendante.
Où en est-ont par rapport à l’enquête ?
La forte pression qu’a subi le régime Kabila a poussé le président de la République à convoquer d’urgence le Conseil supérieur de la défense afin d’amorcer les enquêtes. C’est le samedi 5 juin à Kinshasa à son bureau de travail. Au cours de cette rencontre, un certain nombre de décisions ont été prises dont la suspension, à titre conservatoire, de l’inspecteur général de la Police nationale congolaise (PNC), John Numbi Banza Tambo.
Selon le vice-Premier ministre Lumanu, le président Joseph Kabila a fait part aux membres du Conseil de l’émotion suscitée par la mort de Floribert Chebeya et sa détermination de voir toute la lumière être faite sur cette affaire.
Le samedi même, un bon nombre d’officier de la PNC ont été arrêté pour des raisons d’enquêtes. C’est le cas de colonel Daniel Mukalay, directeur des services spéciaux. Le Réseau national des ONG des droits de l’homme de la Rd Congo (Renadhoc) a salué la décision du Conseil supérieur de la défense. Mais il s’attendait plutôt à une arrestation préventive de John Numbi.
Qui enquête ?
L’enquête est faite par la justice congolaise. Le PGR a attesté la thèse de meurtre. Flory Kabange Numbi l’a déclaré jeudi à la presse à Kinshasa, affirmant que la justice congolaise mène bien ses enquêtes.
Face au souhait d’une enquête internationale, le ministre congolais de l’Intérieur a donné son accord, dans une lettre datée de lundi 7 juin adressée à l’ambassadrice des Pays-Bas en RDC, à la venue d’une équipe des médecins néerlandais composée d’un légiste et de ses assistants.
Arrivés à Kinshasa le jeudi 10 juin, l’ambassade des Pays-Bas à Kinshasa a rendu publics, vendredi 11 juin dans la soirée, les premiers résultats de l’autopsie. Le rapport n’exclut pas l’usage de la violence sur la victime, a informé la radio Okapi.
Quelques jours après, le premier avocat général, le général Munkutu met le général Jean de Dieu Oleko, inspecteur provincial de la Police à Kinshasa en liberté conditionnelle.
Malgré tous ces éléments d’enquêtes fournis par la justice, les Ogn se montrent toujours méfiants d’elles et exigent sans cesse une enquête internationale. En somme la mort de Chebeya exprime combien les congolais en ont le verre plein sur les assassinats des défenseurs des droits humains.
mardi 22 juin 2010
Voici sept étape pour changer de votre vie
Je vous propose sept étapes que vous pouvez suivre pour changer complètement votre vie.
1) ÉLÉMENT DÉCLENCHEUR
2) CHANGER DE VIE NE SIGNIFIE PAS SE
SACRIFIER
3) RESSASSER SES RÊVES
4) SE TOURNER VERS DE NOUVELLES
EXPÉRIENCES
5) ENVISAGER UNE NOUVELLE PROFESSION
6) UNE ANALYSE OBJECTIVE DE L’EXISTANT
7) ÉTABLIR UNE FEUILLE DE ROUTE
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